[ ✓ FOCUS ART DE LA TERRE ] La passion de la céramique mise en scène au Salon Vivre Côté Sud 2022
« Retour à la Terre » – Scénographie CÔTÉ SUD 2022
Durant 4 jours, du 3 au 6 juin, l’emblématique salon Aixois, Vivre Côté Sud, a fait son grand retour au cœur du Parc Jourdan, après deux ans d’absence. Une longue pause qui a permis pour de nombreuses personnes de repenser ses besoins et son style de vie. De cette réflexion, va naître un désir fort et pérenne de nature. Depuis plusieurs années, cette quête, confirmée par la crise Covid, vers plus d’authenticité et de durabilité, se révèle dans de nombreux domaines, que ce soit l’architecture, la mode ou encore la décoration. Bois, pierres, végétaux…, sont autant de sources d’expérimentation et d’inspiration pour les créateurs d’aujourd’hui. À l’instar de la matière « terre » qui connaît un enthousiasme significatif et c’est le médium d’expression qu’a choisi de mettre à l’honneur cette année, l’équipe de Vivre Côté Sud, à travers une scénographie orchestrée par la styliste Aurélie des Robert. Une invitation au dialogue en « terra incognita » et qui se décompose en plusieurs univers : un atelier d’artiste, le lieu d’un tourneur de céramique, un espace qui présente la matière dans son état le plus élémentaire, jusque dans sa dimension la plus sophistiquée, puis, une sélection d’artistes céramistes dont les œuvres conjuguent contenu et contenant, usage et décors.
« Besoin viscéral de la pétrir, de créer à partir d’elle, reconnaissance de ses pouvoirs thermiques et décarbonés, approche vernaculaire, cuite ou crue, la terre est entre toutes les mains. Celles des architectes, des designers, des artistes. Elle attire une nouvelle génération qui avec elle, modèle des objets et des constructions à supplément de sens. Elle sort de sa marginalité, de sa rusticité. Renaissance d’un matériau ancestral, renvoyant à la géologie, aux origines du monde. Du Musée Yves Saint Laurent à Marrakech, créé par le Studio KO, inauguré fin 2017, et déjà iconique, au premier cinéma en terre crue du collectif Encore Heureux, cette matière-matériau revient sur le devant de la scène de l’architecture. Selon les estimations, d’ici à 2060, chaque mètre carré déjà construit aura doublé. Il y a donc urgence à bâtir autrement, en terre coulée, en pisé, bauge, adobe, torchis, enduit. Quelques architectes mettent en place ces pratiques vertueuses, invitant à leur emboîter le pas, pour des réalisa- tions aux empreintes plus légères pour la planète, une ère de l’Anthropocène qui tournerait bien, rond. Ouverture de la première fabrique de terre crue à Sevran, réactivation de savoir-faire oubliés, développement d’une véritable filière des déblais de chantiers aux laboratoires d’études, à l’artisan, des projets témoignent de l’engagement d’équipes pionnières. D’autres, céramistes et artistes proposent des objets sensibles, poétiques ou philosophiques, non jetables, indémodables, esthétique- ment éthiques, durablement attachants. Nombreux sont ceux à explorer le champ des possibles de la céramique. Les designers imaginent, eux, des jeux de construction intérieurs. L’ensemble de ces acteurs, à travers des approches créatives diverses, induisent un autre regard sur la Terre et ses expressions. »
Par Virginie Bertrand. Extrait de « Retour à la terre », texte paru dans Vivre Côté Paris.